Le cinabre est connu et utilisé depuis la plus haute antiquité en médecine (Pline l'ancien, Histoire naturelle, XXXIII; p. 41, qui d’ailleurs déconseillait et considérait cette substance comme un poison). Il a également été utilisé en médecine, pour le traitement de la syphilis, ou on le prescrivait, dans les années 1820, aux femmes enceintes, par fumigation (Archives générales de médecine, Imp. De Vaugirard, 1914, p. 436.). Sous forme de pommade, il était utilisé contre les maladies cutanées (Louis Mialhe, Traité de l’art de formuler, éd. Fortin, Masson, 1845, p. 150.). On retrouve aussi le cinabre dans la composition de remèdes pour le traitement externe du cancer, comme la pâte inventée par le chirurgien Jean Baseilhac, dite « poudre du frère Côme », composée d’arsenic blanc, de cendres brûlées de semelles de souliers, de sang-dragon, de cinabre et d’eau (Hermann Lebert, Traité pratique des maladies cancéreuses et des affections curables confondues avec le cancer, éd. Baillière, 1851, p. 645.). L'utilisation de cette pâte arsenicale sera aussi prônée, par le chirurgien Joseph Souberbielle, (neveu de Jean Baseilhac), dans le traitement des ulcères du visage. Le cinabre est utilisé comme remède depuis des temps anciens en Asie. Les ascètes chinois reconnaissaient dans le jade une pierre qui ne pouvait se ternir. Ils consommèrent également le quartz et d’autres minéraux qui, insolubles, étaient censés rendre le corps de celui qui les consommait dur comme de la pierre. Après broyage, elles étaient prises oralement dans l’espoir de fortifier le corps. Plus tard, le jade est devenu le remède de la longévité et même de la résurrection. Dans le même ordre d’idée, une autre théorie considérant le sang comme l’âme et sa couleur comme le principe actif ou le concentré le l’âme, les substances rouges étaient considérées comme riches en concentré vital et pouvaient donner à celui que les consommait des parties du principe actif de la vie. Consommer l’ocre rouge, selon ces croyances, permettait de remplacer des pertes de sang et de favoriser une longue vie. Le cinabre ayant l’exacte couleur du sang était de ce fait considéré comme supérieur au minium (« médicament » asiatique à base de plomb encore plus toxique que le cinabre). En Chine, les ascètes étaient amateurs de substances censées donner la longévité et ce fut la raison pour laquelle ils utilisèrent successivement le jade, l’or et le cinabre. Il est certain que le cinabre était l’une des plus importantes substances considérée comme donneuse de vie. On peut en conclure que deux substances principales étaient vues comme des facteurs de longévité par les anciens chinois et étaient consommées comme des remèdes ; l’or pour préserver le corps et le cinabre pour prolonger la vie. En médecine chinoise, appelé Zhu Sha, le cinabre est utilisé pour calmer l’esprit, apaiser le cœur, clarifier la chaleur. Le cinabre est toujours utilisé en médecine homéopathique (sous l'appellation Cinnabaris), où la dilution permettrait d’éliminer les risques de toxicité inhérents à la présence de mercure. Cinnabaris est censé être un remède dans les affections dermatologiques, vénériennes et de la sphère ORL. Cet usage persistant du cinabre ne repose sur aucune efficacité dans quelque indication que ce soit. La médecine moderne ne l'utilise plus depuis que la preuve de sa toxicité, supérieure à tout éventuel bénéfice, a été clairement établie.